L’Arche du Goût, créée en 1996, est un catalogue d’aliments de qualité oubliés et en danger de disparition et il a le but de recenser, avant qu’ils ne soient perdus, des espèces végétales, des races animales et des produits artisanaux liés aux cultures, aux histoires et aux traditions des communautés qui vivent dans des paysages culturels autour du monde. Il s’agit donc d’un catalogue de produits qui ne veut pas devenir une banque de semences, une collection de matériel génétique ni un musée exposant les savoirs traditionnels, mais qui a la tâche de redécouvrir et de donner une valeur à ces ressources pour protéger l’économie locale. L’on trouve à bord de l’Arche des plantes et des espèces animales, mais aussi des aliments transformés. Tout comme la biodiversité des plantes et des animaux, l’on constate la disparition de fromages, charcuteries, pains et pâtisseries, qui sont l’expression des savoirs des fermiers et des artisans, qui ne sont pas forcément documentés, mais qui existent en tant que compétences complexes transmises de génération en génération.

L’évolution mondiale de l’Arche peut être consultée dans l’espace qui lui est dédié sur le site de la Fondation Slow Food pour la Biodiversité : www.slowfoodfoundation.com/ark

Voici les productions locales embarquées sur l’Arche.

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La poire Sarteau

La poire Sarteau – Illustration Pomologie de la France – Lyon 1865

C’est une ancienne variété de poire à cuire quelquefois appelée Essarteau ou Sartelle dans les Alpes du sud et Cuisse de dame ou Certeau d’automne en Rhône-Alpes.
En latin « sertum » signifie en trochet, en bouquet et il est vrai que 2 ou 3 fruits pendent souvent ensemble.
C’est une très vieille variété : Charles Estienne l’a citée dans ses variétés recommandées en 1530. Depuis des types régionaux ont pu être sélectionnés. Le fruit est plutôt petit, piriforme, allongé, allant se rétrécissant vers le pédoncule qui est long et mince. L’œil est affleurant. A maturité, l’épiderme est jaune lavé de rouge à l’insolation.
La chair est blanc jaunâtre, grossière, cassante et peu juteuse. Sa récolte a lieu en octobre.
C’est une variété à cuire par excellence, traditionnellement recherchée pour la confiture et la confiserie. L’utilisation la plus courante est sous forme de confiture avec le fruit entier pelé qui prend alors une belle couleur rouge et un moelleux exquis.

 

Autrefois on les faisait également sécher dans le four à pain puis elles étaient stockées dans de grands sacs et utilisées comme dessert toute l’année, avant utilisation, les poires séchées étaient mises à tremper dans de l’eau ou du vin sucré.

La grande majorité des arbres recensés dans le département des Hautes-Alpes sont isolés et très âgés, de 50 à 100 ans.
Heureusement de nombreuses personnes ont greffé des poiriers jeunes avec de la Sarteau pour maintenir la variété pour leur consommation personnelle. Un pépiniériste a également repris la multiplication de la variété.
Voir aussi Le site de la Biodiversité (en anglais)

D’après Marie-France Tarbouriech

La pomme de Risoul

Cette belle variété de pomme localisée à Risoul dans les Hautes-Alpes présente un épiderme strié très original.
Elle fut appelée « Pomme des peintres ».
Ce fruit d’un beau calibre renferme une chair blanche et juteuse mais assez peu sucrée.
Elle se consomme en fruit de table mais sa bonne acidité outre qu’elle assure une longue conservation permet d’en tirer un jus de fruit particulièrement agréable.

Quelques rares producteurs soignent encore amoureusement des arbres parfois palissés mais généralement de plein vent. Parmi ceux-ci, deux, à Risoul, proposent des jus de fruits : Michel Jehan 04 92 45 44 80 et André Bonnafoux 04 92 45 08 25, ce dernier, également pépiniériste, propose des plants.

La Pomme « Pointue de Trescléoux »

Dans la grande famille des fruits Alpins, voici la discrète pomme « Pointue de Trescléoux ».

Ce fruit tardif se cueille jusqu’en novembre et sa longue conservation permet d’étaler sa consommation de mi-janvier jusqu’aux cerisiers en fleurs si vous disposez d’une bonne cave.
L’acidité qui permet cette conservation est typique des variétés Alpines, cultivée en plaine « la Pointue » perd cette caractéristique.

Le fruit est allongé, à sa maturité il devient jaune citron légèrement coloré de rouge carmin.
La chair est blanche, croquante et peu sucrée ce qui la fait parfois nommer « la pomme des diabétiques ».
Elle se consomme en fruit de table mais sa bonne tenue à la cuisson et son faible taux de sucre permet d’intéressantes utilisations en cuisine.

Cette variété est proposée par quelques pépiniéristes et parmi les producteurs, citons Bernard MEYSSONIER (photo), en Agriculture Biologique, qui propose aussi un vinaigre du même fruit.
Bernard MEYSSONIER Les Blaches Pellautier 04 92 57 87 63

Le cépage Mollard Noir des Hautes-Alpes

Toutes les cuvées 100% Mollard des Hautes-Alpes

C’est le cépage endémique des Hautes-Alpes il n’est cultivé nulle part ailleurs.

Au 18ème siècle, on le trouvait dans la Vallée de la Durance, le Gapençais et l’Embrunais.
Il est décrit en 1868 par le Docteur GUYOT dans ses « Etudes sur les Vignobles de France ».

Appelé « commun » ou « plant commun » par les vignerons, car c’était le cépage le plus répandu avant le déclin du vignoble.

Ce cépage permet de produire principalement des vins rouges frais, moyennement alcoolique (12-12,5%vol.), d’un couleur grenat soutenue.

Le vin rouge de Mollard se situe entre les vins de Mondeuse noire (Savoie) dont il a un peu le bouquet (poivre noir-épicé) et ceux de Gamay noir à jus blanc (Beaujolais)

Ce cépage fait partie de la liste des cépages autorisés en Indication Géographique Protégée Hautes-Alpes

Surfaces en production :

  • 1958 : 291 Ha
  • 2006 : 25 Ha

Cépage de deuxième époque. Son port est érigé, il se taille court et peut être conduit en gobelet. Il est parfois sujet à la coulure et, est sensible à l’oïdium et au mildiou

Ce cépage est vinifié de manière traditionnelle en rouge. Il se conserve bien et présente un potentiel de vieillissement moyen (3 à 5 ans).Un des vignerons qui cultive ce cépage, élabore un « confit de vin »

Toutes les vignes de Mollard en production sont agées d’au moins 30 ans. Exceptées les vignes replantées à partir de 2009 (6 au total).

Le Domaine Allemand à Théüs possède 5 ha de ce cépage ainsi que la vigne-mère qui permet de replanter des plants certifiés (2 clones) depuis 2009. Il élabore un cuvée de « Vieilles Vignes » 100% Mollard. Une cuvée 50% Mollard-50% Merlot. Etant également distillateur, il propose une eau-de-vie de marc de raisins Mollard ainsi qu’un confit à base de vin de Mollard et d’épices.

Le Domaine du Petit Août également à Théüs possède 1,5 ha de Mollard agés de 30 à 60 ans et d’un ha de Mollard planté en 2009 et 2010 à partir des deux clones certifiés. En rouge, il élabore trois cuvées de Mollard pur, une cuvée d’assemblage avec du Cabernet-Sauvignon.
En rosé, une cuvée de Mollard pur et une cuvée effervescente en méthode provençale.

Un autre producteur indépendant le Domaine de la Clochère à Remollon travaille un clos d’environ 1 ha et commercialise une cuvée en bouteille et en cubitainers. Les vinifications sont traditionnelles en vendanges entière, pigeage au pied et pressurage à l’aide d’un pressoir vertical.

La cave coopérative des Hautes-Vignes à Valserres propose le Mollard assemblé avec d’autres cépages ainsi qu’une cuvée pure baptisée « Rare cépage » depuis 2006.

Enfin Charles-Henry Tavernier à planté du Mollard issu de la Vigne Mère entre 900 et 1000 mètres d’altitude dans le secteur de Saint-André d’Embrun. Les raisins issus de cette plantation sont vinifiés depuis 2013.

Le cépage Espanenc

EspanencEn France, l’Espanenc ou Plant droit est officiellement inscrit au « Catalogue des variétés de vigne ».

Ce cépage à port érigé est bien adapté à la conduite en gobelet. Il est assez productif et fertile. Il résiste à la sécheresse et se montre peu sensible à la brunissure. Il est par contre sensible à la pourriture grise.
Son époque de maturité est deux semaines après le Chasselas.

Localement on l’appelait aussi « Pousse de chèvre » du fait de ses baies ovoïdes qui évoquait les pis d’une chèvre.

A. CADORET le signale sous ces deux noms dans « La viticulture dans les Hautes-Alpes. Cépages cultivés » 1905.

Jules Guyot  dans « Bulletin de la société d’études des Hautes-Alpes » 1863 le mentionne sous le nom de « Spanenk ».

Mais sa présence attestée est bien plus ancienne dans tous les coteaux qui bordent la rivière Durance, zone qui lui serait originelle (source INRA, fiche Pl@nt Grape).

Autrefois il était planté dans tout le département des Hautes-Alpes et d’autres vignobles de la région PACA.

Selon l’ INRA  337 ha étaient cultivées en France en 1968 et plus que 18 ha en 2011, chiffre qui a du encore diminuer depuis.

Une seule parcelle homogène de 0,50 ha subsiste dans le département des Hautes-Alpes sur la commune de Remollon.

Elle n’est pas vinifiée a part, ses raisins sont apportés à la cave coopérative de Valserres qui les joignent à une cuvée générique.

D’autres plants sont disséminés dans des parcelles complantées.

Yann de Agostini du Domaine du Petit Août à Théüs a replanté 200 pieds à partir de greffons de vieilles vignes en 2013 et réalisé une micro-vinification qui représente la seule cuvée 100% Espanenc connue à ce jour.

La dégustation de cette cuvée par des professionnels a convaincu du potentiel de ce cépage et de son intérêt patrimonial.

Un projet de plantation est en cours au Domaine du Petit Août afin de sauvegarder l’Espanenc.

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